Le peuple bassari habite un territoire se trouvant à cheval de la frontière Sénégalo- Guinéenne. Le territoire qu’il habite, souvent qualifié de pays, est situé à l’Est par la préfecture de Mali Yembering, au Sud par la préfecture de Gaoual, à l’Ouest par la sous- préfecture de Youkounkoun et au Nord par le parc Niokolo Badiar. Les bassari forment avec quatre autres groupes ethniques la communauté des Tenda : les Badiaranké (à l’Ouest de Koundara autour du Mont Badiar), les Badick (établis uniquement à l’Ouest de Kédougou au Sénégal), les Boïn (dans le Kifaya) et les Koniagui qui sont les plus connus à cause de Youkounkoun leur fief, où le colon s’était établi. Ces différentes communautés, minoritaires en Guinée, se retrouvent dans les Monts Wora communément dit le Fouta Djallon, avec leurs coutumes et traditions propres. Les Bassari parlent leur propre langue : l’oneyane. Au Sénégal la langue oneyane est codifiée et classée parmi les langues nationales.
Une société à organisation sociale pyramidale
La culture bassari est très diverse et encore bien sauvegardée. L’organisation sociale dans la société bassari est pyramidale : à la base les femmes et les enfants et au sommet, les anciens, classe des sages dirigeant toute la vie du groupe ethnique. Chaque classe d’âges a ses droits et devoirs propres à exercer pendant six ans, puis à céder aux successeurs. Ainsi, personne n’empiète sur les droits de l’autre , étant entendu que chacun aura son tour au fur et à mesure de l’ascension sociale.
Dans l’ascension sociale, le rite de l’initiation est la clé. A chaque six ans a lieu la passation des classes d’âges. La classe d’âges est le lieu de la transmission d’une éducation collective rigoureuse. Les sanctions, en cas de fautes, sont infligées systématiquement à toute la classe d’âges (amende en nature, bastonnades, parfois). Il revient à la classe sanctionnée d’identifier l’auteur de la faute (vol, viol, indiscipline, injures à l’égard des membres des classes supérieures) pour lui infliger la correction qui s’impose.
Chez les Bassari, l’éducation est à la fois collective et individuelle, en famille ou dans la rue, par les parents mais aussi par la communauté. Avant, l’enfant bassari était suivi, encadré et même corrigé. Ce qui avait pour avantage : le respect des autres et de leurs biens, l’égalité entre les personnes sans considération de la situation matérielle.
L’instrument d’insertion sociale dans la communauté, pour les garçons comme pour les filles, reste le rite initiatique. Celle des femmes (indanë) a lieu bien plus tard dans la pyramide ; elle est calquée sur celle des hommes. C’est pourquoi, les filles pour commencer leur socialisation se joignent aux garçons surtout à partir de la classe des « Opalugwë », 2e classe d’âges, après l’initiation.
Chez les Bassari, chaque tranche d’âges a un nom selon le genre. Il y existe en moyenne 8 tranches : 8- 12 ans ( la première ), 12-15 ( la seconde ), 16-20 ( la troisième) , 20-26 ( la quatrième), 26-32 ( la cinquième ) , 26-32( la sixième), 32- 38 ( la septième ), 38- 44 ( la huitième ) , 44-50 ( la neuvième). La première et seconde tranche d’âges ont les mêmes appellations selon que ses membres soient des garçons ou des files : odingeta, odemeta. Pour les autres tranches d’âges, les appellations varient et celles des femmes dérivent de celles des hommes et sont précédées de : od. Par exemple, la tranche d’âges des garçons de 8- 12 ans est appelée : odug et celle des filles de la même tranche : od- odug.
La société bassari a ses ornements pour les femmes et aussi les masques qui sont des « génies » incarnés, avec lesquels le peuple entretient des relations sur tous les plans : la danse, la protection, les rites, etc. Il y en a qui sont strictement initiatiques ; ce sont les masques celles dans l’image ci-après :
Les patronymes et prénoms chez les bassaris
Les neuf ( 9) noms de familles ou patronymes propres à l’ethnie sont : BANGAR , BANGONINE , BEMOUNE, BIANQUINCH , BIDIAR , BIES, BINDIA ou BIENDIA , BONANG , BOUBANE.
Par la force de l’histoire et de la rencontre avec les autres peuples ayant conduit à leurs assimilations certains Bassari ont pris des noms comme : CAMARA, MANE, KOUROUMAH, BAH, DIALLO, etc. A cause de leurs patronymes bien différents de ceux de la majorité des Guinéens, les membres de la communauté bassari font face à de nombreuses tracasseries administratives et policières. Ils sont souvent traités d’étrangers, ils se voient refuser l’accès à certains services publics, ils ont du mal à faire la carte d’identité ou à acquérir un passeport. Pour se mettre à l’abri des humiliations ou vexations ou pour accéder au travail , certains ont abandonné leurs patronymes pour adopter les plus usités. Lors des conversions à l’islam, certains bassari en plus de renoncer à leurs prénoms ont changé de noms. Ces réalités conduisent à leur assimilation à d’autres peuples, à la perte de leur culture riche qui participe de notre diversité nationale et nous enrichie.
Parlant des prénoms bassari, il subsiste des difficultés lors des déclarations des naissances à l’état civil. Chez les bassari le prénom a des dérivés selon le rang de naissance et le genre. Le premier fils se prénomme Thiara et peut être appelé de diverses manières : Thiar-Thiar, Thiaro, Thiarly, Thiorolé, Ithier. La première née d’une famille se prénommera : Thiera. Les dérivés de ce prénom sont : Ethiera, Thir-Thir, Thieroté, Ethier. Ses prénoms variables créent certaines difficultés avec l’administration civile qui pourrait penser que la même personne change constamment de prénoms. A l’écrit, on ne peut pas percevoir cette sensibilité qui est anodine mais proprement bassari. Ces prénoms sont souvent provisoires et par eux, les parents chérissent leurs enfants. Après l’initiation, ils leur seront donnés les vrais prénoms inspirés d’une situation vécue par les parents ou de la bravoure et du courage dont l’enfant aura fait montre au cours des épreuves initiatiques
Avec la contribution de Jean Pierre Lama BOUBANE.
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